Sur le plan des objectifs en matière de tourisme, la Déclaration de politique régionale affiche de belles avancées, notamment par sa volonté de valoriser un tourisme de proximité basé sur une mobilité douce, la mise en valeur du patrimoine naturel dans le cadre d’un tourisme durable et la promotion d’écolabels pour les établissements touristiques. Mais, le soutien à l’essor du transport aérien au départ de la Wallonie présent dans cette DPR ou l’absence de référence à la durabilité au niveau du soutien aux opérateurs ne constituent-ils pas une contradiction qui interroge sur la possibilité d’obtenir des résultats suffisants ?
Au niveau des points positifs de la Déclaration de politique régionale, on notera :
- La volonté de développer un tourisme de proximité (via la valorisation des attractions wallonnes auprès des Wallons).
- Le souhait d’améliorer l’accessibilité des sites touristiques wallons en misant sur les gares et les liaisons ferroviaires internationales et en combinant des offres de mobilité douce à partir de gares pour des séjours de courte durée, ainsi que l’offre de transport en commun le week-end et les jours fériés pour les grands sites touristiques wallons.
- La volonté de fédérer les organismes touristiques autour de deux identités fortes, dont l’une liée au patrimoine naturel et à la durabilité.
- La promotion d’écolabels et d’établissements labellisés, notamment dans le domaine du tourisme d’affaires.
- La promotion de circuits courts.
- Le souhait de faire de l’Eau d’Heure un site exemplaire au niveau durabilité.
- L’intégration de formation en tourisme durable dans le cadre des formations destinées à professionnaliser et faire évoluer le secteur.
Au niveau des manques et des points qui mériteraient une attention accrue, nous soulignons :
- Qu’il faut prendre des mesures plus drastiques pour limiter l’utilisation de l’aérien au départ de la Wallonie à des fins de tourisme et de loisirs pour réduire l’impact environnemental de ce secteur ; au besoin, une étude sérieuse de l’impact économique réel du développement de ce secteur, tenant compte des investissements publics réalisés, du nombre d’emplois créés et de la balance commerciale (entre sortie des capitaux des Wallons et des populations limitrophes qui vont passer leurs vacances ailleurs et rentrées régionales dues aux arrivées touristiques) devrait être entreprise.
- Qu’il faudrait que le gouvernement wallon adopte des indicateurs permettant le suivi des mesures prises pour un développement touristique plus durable (par exemple, pourcentage d’établissements écolabellisés, pourcentage de circuits promus se basant sur des formes de mobilité alternative, pourcentage des investissements investis pour rendre les infrastructures touristiques plus durables, etc.). Ces indicateurs devraient être liés à des systèmes de internationaux permettant la comparaison des destinations sur le plan de la durabilité ; ces indicateurs devraient intégrer les investissements réalisés pour promouvoir divers modes de transport (vélo, voiture, aérien etc.).
- Qu’une attention accrue pourrait être accordée au développement d’une offre écotouristique accessible à tous, via notamment le développement de l’offre en transports en commun le WE et les jours fériés pas uniquement pour l’accès aux grands sites touristiques mais également pour un tourisme plus diffus et respectueux de l’environnement social et naturel ; des promenades nature balisées au départ de gares sont à développer en Wallonie, sur le modèle des « Arrêts verts », ainsi que les infrastructures (ex. pistes cyclables en site propre) permettant la création de circuits écotouristiques accessibles et associés à une mobilité durable.
- Qu’il faudrait mieux intégrer la notion de qualité de vie des riverains, notamment au niveau de la réglementation des hébergements de terroir.
- Qu’il convient de ne pas soutenir et promouvoir trop d’écolabels différents, afin de ne pas semer la confusion dans l’esprit du consommateur (trop d’écolabels tuent les écolabels).
- Qu’il faut veiller à lier les aides et accompagnements qui s’appliquent au secteur (hébergements, attractions, tour-opérateurs…) à des mesures concrètes en matière de durabilité ; à ce titre, la notion de « durabilité » manque dans le plan à destination de l’HORECA.
- Que, outre les formations visant à professionnaliser le secteur, il faudrait agir au niveau de l’offre et prévoir et diffuser un/des outils de sensibilisation permettant aux touristes de mesurer l’empreinte écologique (et sociale) de leurs vacances et séjours, ainsi que réaliser un bilan annuel de l’impact du tourisme des Wallons sur l’environnement et le climat ; ce travail pourrait venir enrichir les travaux sur les indicateurs déjà réalisés et prévus (notamment le Tableau de bord de l’environnement wallon).
- Qu’il est essentiel d’intégrer les modes doux (marche, vélo…) au niveau des actions prévues en termes d’amélioration de la signalétique et des places de stationnement (en n’hésitant pas à diminuer le nombre de places disponibles pour les voitures au profit de celles pour des modes de transports moins impactants).
En somme, si l’on peut se réjouir d’une série de dispositions dans la Déclaration de politique régionale en faveur d’un tourisme plus durable se basant sur la valorisation du patrimoine naturel wallon, il convient de veiller à l’intégration effective aux politiques des points d’attention mentionnés ci-dessus et à la cohérence globale des mesures, afin que les bénéfices de certaines d’entre-elles ne soient pas anéantis par la non prise en charge de problèmes créés par d’autres.
Le tourisme et les loisirs offrent une occasion unique de découvrir la nature, l’altérité et une autre façon de consommer. Les espaces de découvertes et d’innovation créés dans le cadre du tourisme peuvent servir de véritables « laboratoires de la Transition ». Il ne faudrait pas que la Wallonie se prive de cette opportunité par des politiques trop peu ambitieuses ou incohérentes.