Face au manque de leadership de la présidence polonaise, à la passivité de nombreux pays industriels et aux reculs des positions du Japon, de l’Australie et du Canada, les organisations non gouvernementales internationales ont décidé de quitter la COP 19, la Conférence de Climat de Varsovie.
Les ONG entendent ainsi dénoncer l’irresponsabilité criminelle à l’œuvre au sein de ce processus de négociations, une irresponsabilité qui impactera gravement des millions de personnes, notamment dans les pays en développement.
Vous trouverez ci-dessous le Communiqué commun des ONG.
Nous avons affirmé notre solidarité avec les millions de Philippins victimes du typhon Haiyan et avec toutes les personnes affectées par les changements climatiques. Cette solidarité nous oblige à dire la vérité sur la COP 19 – la Conférence Climat de Varsovie.
Ce sommet, qui aurait pu constituer un pas important pour la transition juste vers un futur durable, ne va déboucher sur rien ou presque.. En fait, les actions de nombreux pays riches, ici à Varsovie, minent la CCNUCC elle-même, processus multilatéral important qui doit résoudre la crise climatique mondiale.
La Conférence de Varsovie a donné priorité aux intérêts des industries énergétiques « sales » par rapport à ceux des citoyens du monde – en organisant notamment un « Sommet Charbon & Climat », des partenariats avec de grandes entreprises polluantes affichant leur logo à tout va, et à cause d’une Présidence (la Pologne) pieds et poings liée par les industries des gaz de schiste et du charbon. Durant la première semaine, les choses n’ont fait qu’empirer. Le Japon a emboîté le pas au Canada et revu à la baisse ses engagements pour limiter les émissions. Quant à l’Australie, elle a montré à de multiples reprises qu’elle ne prenait absolument pas au sérieux le processus climat des Nations Unies.
Cette semaine a vu une « réunion ministérielle sur les finances » avec pratiquement aucun financement nouveau. Les discussions sur les pertes et préjudices sont restées au point mort faute de volonté réelle des pays riches de travailler sur le fonds. Varsovie n’a vu aucune augmentation du niveau d’ambition pour réduire les émissions pas plus qu’un soutien supplémentaire à l’adaptation d’ici 2020. Sur la majorité de ces aspects, nous avons en fait reculé. Et il manque de vision sur la manière dont sera préparé l’accord global et équitable qui doit être conclu en 2015 à Paris.
En tant que société civile, nous sommes prêts à nous engager avec les ministres et les délégations qui sont de bonne foi dans ces négociations. Mais à la Conférence de Varsovie, les gouvernements des pays riches sont venus les mains vides. De nombreux gouvernements des pays en développement échouent aussi à se mobiliser pour les besoins et les droits de leur peuple. Sans changements d’attitude, il est évident que, les deux prochains jours de négociation ne permettront pas d’aboutira aux décisions dont le monde a désespérément besoin.
C’est pourquoi les organisations et les mouvements représentant les peuples de partout sur la Terre ont décidé que le meilleur moyen d’utiliser leur temps est de se retirer volontairement de ces discussions sur le climat. En lieu et place, nous allons nous concentrer sur la mobilisation des citoyens pour pousser nos gouvernements à prendre leurs responsabilités et à agir sérieusement pour le climat. Nous allons travailler à transformer nos systèmes énergétique et alimentaire au niveau national et international, et à reconstruire le système économique en morceau pour créer une économie bas carbone et durable avec des emplois décents et des moyens de subsistance pour tous. Et nous allons mettre la pression sur tout le monde pour réaliser cette vision.
Il est clair qu’une telle pression est nécessaire pour que nos gouvernements prennent les décisions dont le monde a besoin, c’est pourquoi nous quittons la Conférence Climat de Varsovie. Nous reviendrons à Lima avec la voix des citoyens pour tenir nos gouvernements responsables d’un futur durable et juste.