L’Organisation mondiale de la santé (OMS) tire la sonnette d’alarme en Europe. En cause, la malbouffe vantée par les publicités. Des spots qui séduisent les plus jeunes et favorisent l’obésité infantile sur tout le continent. En cause : une réglementation laxiste du marketing.
Copenhague, 18 juin 2013
Afin de lutter contre l’obésité infantile, l’OMS réclame des contrôles plus stricts de la publicité vantant aux enfants des aliments riches en graisses saturées et en matières grasses trans, en sucres libres et en sel. Selon un nouveau rapport de l’OMS/Europe intitulé « Marketing of foods high in fat, salt and sugar to children » (Le marketing des aliments à haute teneur en matières grasses, en sel et en sucre auprès des enfants), il est essentiel, pour mener cette lutte, de renforcer les restrictions concernant la publicité.
Malheureusement, le marketing d’aliments peu sains auprès des enfants s’est avéré effroyablement efficace. Alors que les adultes sont conscients d’être ciblés par la publicité, les enfants ne font pas la distinction entre annonce publicitaire et dessin animé, par exemple. Cela les rend particulièrement réceptifs et vulnérables aux messages qui entraînent des choix mauvais pour la santé.
« Des millions d’enfants de la Région européenne sont soumis à des pratiques de marketing inacceptables », affirme Zsuzsanna Jakab, directrice régionale de l’OMS pour l’Europe. « Les politiques doivent tout simplement être mises à jour et gérer la réalité de l’enfance obèse du XXIe siècle. Les enfants sont entourés de publicités qui les exhortent à consommer des aliments riches en graisses, en sucres et en sel, même quand ils sont dans des endroits où ils devraient être protégés, comme les écoles et les salles de sport. »
Les derniers chiffres de l’OCDE sont effarants :
En France: 13% des garçons et 15% des filles sont en surpoids ou obèses.
En Allemagne: 23% des garçons et 17% des filles
Au Royaume-Uni: 23% des garçons et 27% des filles.
En Espagne: 33% des garçons et 27% des filles.
En Italie: 32% des garçons et 31% des filles.
En Grèce: 45% des garçons et 37% des filles.
Des enfants exploités dans le cadre du marketing pour des aliments peu sains
C’est expressément pour cibler les enfants que l’industrie alimentaire recourt de plus en plus souvent à de nouveaux canaux de marketing bon marché, comme les médias sociaux et les applications pour téléphone multifonctions. A côté de cela, la télévision est le support publicitaire dominant ; une grande majorité d’enfants et d’adolescents regardent la TV plus de deux heures par jour en moyenne. En Angleterre par exemple, 93 % des publicités contenant des produits trop sucrés, salés ou gras sont diffusées entre 18h et 22h30
Il existe une forte corrélation entre le fait de regarder la TV et l’obésité chez les enfants. Selon des informations récentes, les enfants deviennent obèses non seulement parce qu’ils regardent la TV au lieu d’être actifs, mais aussi parce qu’ils sont exposés à de la publicité et à d’autres tactiques de marketing. La plupart des produits vantés ont une teneur élevée en graisses, en sucres ou en sel. La publicité porte principalement sur les sodas, les céréales sucrées pour petit déjeuner, les biscuits, les confiseries, les en-cas, les plats préparés et les établissements de restauration rapide.
C’est dans la petite enfance que l’on commence à discerner les marques. Les enfants qui reconnaissent de multiples marques dès l’âge de 4 ans sont plus susceptibles de mal s’alimenter et d’être en surpoids. La recherche a montré que ce sont particulièrement les enfants en surpoids qui augmentent leur consommation en réaction à la présence d’emballages d’aliments de marque.
La nécessité de réglementer
Bien que les 53 États membres de la Région européenne se soient montrés favorables à des restrictions du marketing d’aliments riches en matières grasses saturées et trans, en sucres libres et en sel auprès des enfants, la plupart se fient à la réglementation générale sur la publicité, qui n’aborde pas spécifiquement la promotion de tels aliments. Seuls six pays (le Danemark, l’Espagne, la France, la Norvège, la Slovénie et la Suède) ont intégralement appliqué une démarche réglementaire (législation, autoréglementation ou coréglementation) concernant le marketing d’aliments et de boissons auprès des enfants – souvent de manière peu convaincante d’ailleurs (NDLR).
Le rapport de l’OMS/Europe montre clairement que le marketing d’aliments riches en matières grasses saturées et trans, en sucres libres et en sel a des conséquences dommageables pour les enfants de la Région. Lors d’une conférence qui aura lieu les 4 et 5 juillet 2013 à Vienne (Autriche), les ministres de la Santé évoqueront un amendement des politiques nationales pour protéger la nouvelle génération.
Source : communiqué de presse de l’OMS/Europe