L’Agence Internationale de l’Energie a publié ce mardi son « Worl Energy Outlook » 2006, rapport analysant la situation et les tendances des marchés énergétiques mondiaux. Pour l’AIE, l’avenir énergétique de la planète s’annonce « sale, insécurisé et onéreux ». Afin de remédier à ces maux, l’Agence préconise d’investir dans le nucléaire.S’ils partagent le constat, Inter-Environnement Wallonie, Greenpeace et le WWF dénoncent la solution proposée. Pour les associations environnementales, le nucléaire n’est ni sûr, ni propre, ni bon marché. Les associations insistent sur la nécessité de privilégier sans plus tarder l’efficacité énergétique, la maîtrise de la demande et les sources d’énergie renouvelables.
Dans son « World Energy Outlook » 2006 publié ce mardi, l’Agence Internationale de l’Energie estime nécessaire et urgent d’engager une politique énergétique mondiale proactive afin d’éviter à la planète l’avenir énergétique « sale, insécurisé et onéreux » qui lui semble promis sans changement de cap radical. Pour l’AIE, un investissement accru dans le nucléaire permettrait d’inverser la tendance et de garantir un avenir énergétique « plus sûr, plus respectueux de l’environnement et économiquement plus efficient ».
S’ils adhèrent à l’état des lieux dressé par l’Agence et considèrent comme elle qu’il est primordial « d’engager notre planète dans une voie énergétique durable », les associations environnementales rejettent catégoriquement la solution envisagée par l’Agence. Celle-ci préconise en effet une augmentation du parc de production nucléaire de 50% d’ici 2030.Pour les associations, il s’agit là d’une réponse totalement inadaptée à la réalité de la situation.
Sur un plan purement pratique, l’augmentation du parc nucléaire de 50% d’ici 2030 impliquerait, en tenant compte du renouvellement des réacteurs en fin de vie, la construction de 200 nouvelles unités, ce que les pro-nucléaires eux-mêmes s’accordent à considérer comme irréalisable au vu du coût et des délais de ces constructions. Mais la chose serait faisable que la solution proposée n’en apparaîtrait pas moins inadaptée.
1.Considérant la part marginale du nucléaire dans notre mix énergétique global, une augmentation du parc ne contribuerait quasiment pas à la réduction des émission de gaz à effet de serre. Le caractère soi-disant « propre » de l’énergie atomique est d’ailleurs un mythe soigneusement entretenu en évitant de prendre en compte l’ensemble des émissions de CO2 générées tout au long de la filière, depuis la construction des centrales jusqu’à leur démantèlement.
2. Le nucléaire n’est « sûr » à aucun niveau : il implique des risques de détournement de la technologie civile à des fins nucléaires (les cas récents de la Corée du Nord et de l’Iran constituent en sont d’édifiantes illustrations…) ; la problématique des déchets reste à ce jour totalement irrésolue et fait planer une menace sur les générations futures ; contrairement à ce que l’on veut faire croire, le nucléaire ne contribue pas à notre sécurité d’approvisionnement énergétique, les ressources en uranium étant fortement limitées.
3. Le nucléaire n’est pas bon marché mais au contraire particulièrement onéreux. Son développement n’a ainsi été possible que grâce à de colossales subventions publiques. Des investissements similaires dans le développement d’énergies alternatives auraient permis depuis longtemps la mise en oeuvre d’énergie réellement propres, renouvelables et peu coûteuses… Quel que soit l’angle sous lequel on l’analyse, la « solution » de l’AIE ne tient donc pas la route.
Pour les associations environnementales, plutôt que de prôner des recettes dont on connaît l’inefficacité, il importe de concentrer désormais les efforts sur l’efficacité énergétique, la maîtrise de la demande le développement des sources d’énergie renouvelables et la cogénération.
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