Enfin ! Quel bonheur, quel plaisir, quelle jouissance ! Dès janvier 2015, je vais pouvoir consommer à nouveau un produit que j’avais exclu de mon quotidien il y a de nombreuses années. Et non seulement j’en éprouverai une jouissance personnelle, mais, cerise sur le gâteau, je vais en outre pouvoir enfin réintégrer le groupe d’amis qui partageait avec moi cette passion (voire cette addiction), groupe qui m’avait ostensiblement mise à l’écart dès que j’ai osé émettre un doute sur les qualités intrinséques de l’objet de notre ardent désir.
Mais qu’est ce qui avait bien pu motiver une progressive abstinence volontaire ? Pourquoi me détourner de ce produit, dont je raffolais, gamine, et qui me faisait rêver lors des fêtes de fin d’année sur fond d’émouvantes campagnes de « com » ? Plusieurs éléments ont joués… dont je vais enfin pouvoir faire abstraction !
D’abord, il y a eu ma santé. Les messages incitant à une ingestion raisonnable de calories chaque jour, les messages déclinant la liste des méfaits liés à la consommation excessive de produits sucrés, le fait que « Le sucre appelle le sucre »… toutes ces campagnes raisonnables et sensées (mais, oserais-je le dire, souvent culpabisantes et d’un terne désolant) m’ont poussée (en étroite complicité avec ma balance et mon miroir) à réduire ma consommation. Sevrage physique mais aussi psychologique sur fond d’une profonde nostalgie du pétillant de mon enfance. Un peu comme une madeleine… édulcorée.
S’y sont adjoints les messages environnementaux : ce sont d’abord les impacts liés à sa distribution, conséquents comme pour toute boisson embouteillée, qui m’ont perturbée : consommation de ressources pour l’emballage, émissions de CO2 pour le transport. La vitesse à laquelle le sac PMC se remplissait, alors que « le tri à lui seul ne suffit pas»…
D’autres éléments à charge sont venus compléter mon réquisitoire : les énormes quantités d’eau nécessaires à sa fabrication – y compris dans des zones où cette ressource est peu accessible pour les populations locales. Le coût au litre. Les effets avérés et supposés des substituts au sucre proposés dans une partie de la gamme. Le BPA qui recouvre l’intérieur des canettes et diffuse gentiment dans la boisson. La « plant bottle » composée à 75% de… pétrole. Les études qui montrent l’influence du marketing sur le choix de la marque – alors qu’au gout les tests à l’aveugle montrent une préférence nette pour son concurrent direct. C’est vexant de se dire qu’on est piégé par de savants concepteurs de campagnes publicitaires, et qu’on en oublie d’être à l’écoute de nos papilles gustatives…
Enfin, le fait que l’une des mascotte de la marque, l’ours polaire, se noie faute de banquise, alors que, compétitivité et pression des actionnaires obligent, l’entreprise est loin, très loin d’avoir réduit ses propres émissions.
Mais le miracle s’est produit ! Coca-Cola (je présume qu’à ce stade vous l’aviez deviné) m’offre enfin une porte de sortie royale : le Coca-Cola Life. Sa couleur ? Le vert ! Son argument : la stévia ! La stévia, d’ORIGINE NATURELLE !!! Merci Coca, je peux à nouveau vous consommer sans retenue aucune. Et quelle efficacité que cette formule magique, « d’origine naturelle », qui balaie une fois prononcée tous les arguments rationnels compilés et ressassés ad nauséam…
Merci à toi, Muhtar[[Muhtar Kent, le PDG du groupe, a fait des boissons gazeuses, Coca-Cola en tête, une de ses cinq priorités pour «restaurer» la croissance. «Nous devons travailler plus dur pour renforcer la magie autour de la marque partout dans le monde», a-t-il déclaré en février. Une mission d’autant plus cruciale que la marque Coca-Cola est la plus rentable du portefeuille. Source : LeFigaro.fr]], d’avoir « travaillé plus dur pour renforcer la magie autour de la marque partout dans le monde» !
Photo : Rosie Huntington-Whiteley officially launches Coca-Cola Life in the UK in the Coca-Cola pop-up boutique in South Molton Street, London.
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