Le 13 novembre, la 26e Conférence des parties a pris fin. Autant le savoir, cette nIEWs ne va pas être une analyse poussée de la COP26 : je vais plutôt tenter, avec légèreté, de vous raconter ma semaine à Glasgow. Toutefois, si le sujet vous intéresse et que vous avez cliqué sur cette nIEWs avide de connaissance et de savoir dans le détail les conclusions de cette COP, je ne peux que vous conseiller l’analyse pointue de Carbonbrief (site d’information sur le dérèglement climatique), celle du réseau international des ONG pour le climat CAN et, au niveau belge, les conclusions de la Coalition climat. Bonne lecture!
Si vous continuez à lire, c’est que vous désirez savoir ce qu’un jeune environnementaliste peut vous raconter sur cette créature gargantuesque qu’est une COP pour le climat. Car oui, une COP c’est énorme, c’est un joyeux bordel, un bazar de costard cravate, de négociateurs, de lobbyistes et d’activistes/militants. Mon premier acquis c’est que la définition de la «transition écologique» pour limiter le réchauffement du climat varie, et pas qu’un peu, dans l’imaginaire collectif.
Car oui, à la COP de Glasgow, comme Greta l’a scandé à raison, le greenwashing régnait. Le décor de la COP n’aide vraiment pas à prouver que c’est une erreur d’appréciation de l’adolescente perspicace. À l’entrée une grosse F1 dont la durabilité réside dans sa motorisation électrique; ailleurs, dans la greenzone, un avion électrique ou encore, dans les pavillons d’Etats comme celui des Émirats arabes unis, on peut voir des spectaculaires arrivées en hélicoptère dans une ville bétonnée au plein milieu du désert. Ce tape-à-l’œil technologique de la COP est… criant.
Une autre dimension qui est tout autant spectaculaire : les actions innombrables des ONG. Elles sont là pour utiliser le peu de pouvoir qu’elles ont pour tenter de sensibiliser les gouvernants du monde à prendre des décisions importantes pour limiter le réchauffement du climat à 1.5°C de T° moyenne annuelle. Des activistes venant tout droit de nations en péril, présents avec une motivation indémontable pour montrer à la face du monde les injustices qu’ils vivent au quotidien. Ces injustices sont d’autant plus choquantes qu’elles peuvent être attribuées en partie à des lobbyistes industriels également présents à la COP pour maintenir avant tout le modèle économique tel qui est : les rois du « Bussiness as Usual ».
C’est donc un curieux tableau, une dualité propre à l’importance de l’enjeu. Un bon exemple pour vous montrer cette dualité c’est que durant cette COP il y a eu à la fois un discours hypocrite de Jeff Bezos et un discours venant des tripes de Ta’Kaiya Blaney (une activiste venant de la nation des Tla’amin, de la Colombie-Britannique au Canada). Un sacré paradoxe à mes yeux.
Mais pourquoi y suis-je donc allé ? J’y ai modestement représenté une partie de la société civile wallonne sur les questions environnementales. Pour ce qui est de la représentation, mon agenda était complet. J’ai eu droit à un véritable défilé de chefs de partis politiques belges, des ministres fédéraux et régionaux et des députés en veux-tu en voilà.
Le rythme est effréné, dans une COP! On parle en marchant, on boit son café en téléphonant, on mange en écrivant. Et ça discute, ça papote, ça négocie, chacun y va de son analyse politique, chacun clame haut et fort qu’il faut impérativement augmenter l’ambition, qu’il faut réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Au vu de l’ampleur du défi, les idées ne manquent pas. Ces idées sont évidemment mâtinées d’une vision politique propre à chaque parti. Ce n’est pas évident à gérer, ces échanges avec les politiciens : ça parle bien, ça, t’emmène dans une belle histoire bien racontée, et si tu n’y prêtes pas attention tu te perds dans des résolutions et des ambitions qui ne parlent jamais vraiment du problème.
Car pour moi la question demeure : pour respecter l’Accord de Paris et donc limiter le réchauffement climatique à 1.5°C, il va falloir réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre en 10 ans. Un constat important, c’est que le climat n’a cure du calcul comptable d’émissions de chaque état, il n’est impacté que par les émissions réelles, qui sont en constante augmentation.
Comment peut-on continuer de s’imaginer qu’on peut réduire de moitié les émissions mondiales, sans toucher au système de surproduction et surconsommation capitaliste?
Cette question m’amène à une conclusion amère sur cette COP. La présence de tous ces chefs d’État se fait dans la plus parfaite oblitération de la nécessité de se lancer sérieusement dans un profond changement de notre modèle économique dominant, le capitalisme financier et son leitmotiv : la croissance. Je me trompe peut-être, mais j’ai en tous cas la conviction que sauver le climat devra passer par là.
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