Que ce soit pour penser l’espace public, la mobilité, l’accès au logement, etc. l’approche genrée doit devenir un réflexe (et faire partie de toutes les discussions, pas uniquement de celles du 8 mars).
Pourquoi ? Parce qu’« en intégrant la perspective de genre dans toutes les problématiques urbaines, en enrichissant le questionnement sur toute action urbaine par ce biais, nous produirions une ville de meilleure qualité pour tout le monde. »
Un cadre de vie de qualité et inclusif, c’est ce que nous voulons, en ville, et partout ailleurs sur le territoire.
« Nos aménagements de territoires et ceux qui les façonnent ignorent encore trop souvent, dans la conception des projets urbains et immobiliers, la pluralité des publics. Être autonome en ville, participer à la vie de la cité, pratiquer la ville sont autant d’enjeux que nos projets doivent intégrer pour tendre à un territoire égal pour tous [et toutes, ndlr]. »
Voici quelques conseils (non exhaustifs) de lecture pour nourrir vos réflexions sur le sujet.
Participer à la vie de la cité
Nous ne sommes pas les seules à nous poser la question de l’intégration du genre dans les enjeux d’aménagement du territoire. Le Ministre Borsus, en charge ce cette matière, a été interpellé au Parlement Wallon par deux députées à ce sujet :
- Par Fatima Ahallouch, https://www.parlement-wallonie.be/pwpages?p=interp-questions-voir&type=28&iddoc=119365
- Par Hélène Ryckmans, https://www.parlement-wallonie.be/pwpages?p=interp-questions-voir&type=30&iddoc=117092
La question de madame Ryckmans à propos de la représentativité dans les CCATM fait écho à ce paragraphe lu dans la Revue Urbanisme consacrée au Territoire, à la ville et au genre : « les études menées à l’international comme en France tendant à montrer la sous-représentation des femmes dans les dispositifs de concertation autour des projets urbains, ou leur difficulté à faire entendre leur voix et reconnaître la validité de leurs préoccupations (Paoletti, Rui, 2015) dans des assemblées consultatives mixtes, et ce, alors même que le volet participation citoyenne est l’un des plus féminisés des activités des urbanistes, au contraire de la voirie ou des finances (Biarrotte, 2021). »
La participation citoyenne est un levier indispensable au façonnage d’un nouveau ménagement du territoire et Marianne Mottet, chargée d’analyse au sein du réseau Femmes en milieu rural, en parle très bien dans son analyse, Entre réchauffement climatique et pandémie … l’aménagement du territoire en perspective :
« Car le territoire de notre région n’est rien d’autre que la forme spatiale d’un projet social. La participation citoyenne peut être un puissant levier de changement, notre responsabilité est de questionner ensemble notre territoire sans laisser les crayons et les décisions dans les seules mains des technocrates. »
Avoir accès au logement
Le Conseil Wallon de l’Egalité entre Hommes et Femmes, dans son avis d’initiative émet une série de recommandations au Gouvernement Wallon afin d d’intégrer la dimension du genre dans les projets consacrés à la rénovation énergétique et la construction de nouveaux logements publics prévus dans le Plan de Relance de la Wallonie :
« En Belgique, les personnes qui souffrent le plus du mal-logement sont les isolé.e.s, les familles monoparentales et les personnes âgées. Or, les femmes sont sur-représentées parmi les ainé.e.s mais également au sein des familles monoparentales (83 % des chefs de familles monoparentales sont des femmes), autrement dit, deux groupes les plus touchés par la précarité et le mal-logement dont les difficultés ne cessent de s’aggraver dans la réalisation de leur droit à un logement décent, tant en termes d’accessibilité, qu’en termes de qualité de ceux-ci. ».
- Cassilde, S. & Kryvobokov, M., Ménages féminins et conditions de logement en Wallonie, Centre d’Etudes en Habitat Durable de Wallonie, Cahier d’Etudes et de Recherches, 2019
- Femme et Logement, Les échos du logement
- Nicolas Bernard, Femmes, précarité et mal-logement : un lien fatal à dénouer , Courrier hebdomadaire du CRISP, n°25, 2007
- Mateo Alaluf, Contre le statut de cohabitant, Revue Politique, n°121, 2022
Pratiquer l’espace public
« C’est au travers de la socialisation que l’on construit une part de notre identité. Ce processus social prend corps et se déroule dans divers espaces. Un espace privilégié pour la construction de notre genre est sans aucun doute le domicile familial, les lieux privés regroupant famille et entourage. Il y a également l‘école, les lieux de loisirs et les lieux de travail. À côté de ces espaces et autour de nous, il y en a un autre qui ne reçoit généralement pas autant d’attention, mais que nous investissons, traversons, en d’innombrables occasions : l’espace public. »
- Apolline Vranken, Quelle place pour les femmes dans l’espace public ?, Revue Politique, 6/3/2023
- Espace publique et inégalités de genre, Dynamiques régionales n°12, IWEPS
- Marianne Mottet, Les espaces publics ruraux ont-ils un sexe ?, Analyse « Femmes en milieu rural », 2022
Et la mobilité
« La mobilité revêt une importance de plus en plus grande dans notre société car elle apparaît comme un droit essentiel au même titre que le « droit à la ville » dont parlait Henri Lefebvre en 1968. Parce qu’elle constitue une ressource indispensable dans l’accès à une série de biens et de services, qu’elle permet à l’individu de faire partie intégrante de la collectivité, la mobilité devient un élément déterminant de l’insertion sociale des individus (Gibout, 2020). Il s’agit même d’un impératif dans nos sociétés contemporaines où les individus sont encouragés à être davantage mobiles et sont également évalués sur leur capacité à mieux se déplacer.
La perspective de genre articulée à la mobilité semble donc nécessaire pour identifier les différences de pratiques de mobilité entre les femmes et les hommes et relever les inégalités que ces différences reflètent (Coutras 1997). »
- Camille WERNAERS, La mobilité des femmes : tours et détours, Revue Politique, n°121, 2022
- Rébécca Cardelli, L’usage de la voiture et la mobilité quotidienne des femmes : entre liberté, nécessité et contraintes, Décryptage n°6, IWEPS,
- Christophe Gibout, La « sur-mobilité » : une question de genre ?, Femmes et villes, Presse Universitaire François-Rabelais, 2004
- Marianne Mottet, La mobilité, extrême défi rural, Analyse « Femmes en milieu rural », 2022,
- Le site « Femmes et mobilité »,
Enfin, nous vous recommandons la lecture de l’essai de Leslie Kern, Villes féministes, notes de terrain que les formidables éditions du Remue-ménage ont publié en 2022. Thierry Paquot en parle très bien sur son blog Topophile.
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