« Peut-on couper le steak des élections avec la cuillère de la Transition ? » Traduction
libre d’une expression de Rob Hopkins, cette question étrange pourrait animer certains disciples d’André Breton. Il est vrai que la chose politique est souvent surréaliste et nos tableaux locaux s’apparentent parfois à des œuvres de Magritte ou de Dali lorsqu’il s’agit de composer des coalitions.
Sans savoir si elle se coupe ou se savoure à la cuillère, Inter-Environnement Wallonie a décidé de mettre en lumière cette créativité bien nécessaire à l’approche des élections communales. Ce dimanche 25 février, au Palais des Congrès de Namur, l’université annuelle d’IEW fera en effet la part belle aux initiatives portées par des élus ou collectifs aux quatre coins du pays sous un seul vocable : Transition commune[[http://www.iewonline.be/universite-d-iew-transition-commune-le-25-fevrier-2018]]. S’inspirer, s’équiper et se renforcer mutuellement seront les maitres-mots de cette journée, où une diversité d’acteurs belges et étrangers viendra égayer et enrichir les menus électoraux de nos futur.e.s élu.e.s, dans des formats d’échange inédits.
Alliant la démocratie locale aux enjeux écologiques, ces projets de transition portent sur le terrain des actions variées dans le domaine de l’alimentation, de l’énergie, de l’économie, de la mobilité, … qui se conjuguent souvent dans la convivialité et à travers l’expression de solidarités renouvelées dans les quartiers. Chaque mois, ce sont deux à trois nouveaux groupes locaux qui se créent en Wallonie et à Bruxelles pour construire des solutions de transition écologique et solidaire. Soutenant cette lame de fond qui touche désormais des entreprises ou des universités, le réseau Transition dénombre aujourd’hui 112 initiatives structurées sur le territoire francophone.
La question initiale de Rob Hopkins prend tout son sens ici, puisqu’elle pose en filigrane la relation au politique de ce mouvement de société[[https://www.reseautransition.be/articles/le-steak-des-elections-la-cuillere-de-la-transition/]]. Comment faire « Transition commune », en somme, en transcendant les clivages habituels, sans être dans le déni de projets parfois destructeurs, à l’échelle locale, qui nécessitent l’exercice de rapports de force ? Le Réseau Transition a choisi de répondre à cette question en distinguant le rôle inspirant des groupes locaux au service de la Transition de la militance politique exercée au sein de listes citoyennes ou plus conventionnelles. A cet égard, le Réseau rappelle que « la Transition peut parfaitement être considérée comme une action politique, dans le sens de citoyenne et engagée dans la vie de sa communauté. Une sorte de vision large qui veut sortir des échéances électorales et de la logique des gagnants et des perdants… ». Lors de notre Université, nous mettrons en dialogue ces mouvements militants et ces initiatives de transition, ainsi que les nombreuses associations présentes de longue date sur le terrain local. Ensemble, ils font tous, chacun à leur manière, progresser la prise en compte de l’environnement et de la santé dans les politiques communales.
Ce dimanche 25 février sera aussi l’occasion de se rendre compte, toujours selon Rob Hopkins, que la Belgique est un « pays où le mouvement de la Transition est le plus fascinant ». Invitée de notre université, la ville de Gand y exposera les premiers résultats de son plan des « Communs », un des laboratoires citoyens et politiques parmi les plus vivifiants d’Europe[[http://blogfr.p2pfoundation.net/2017/09/08/plan-de-transition-vers-communs-de-ville-de-gand/]]. Pas moins de 500 projets relatifs à l’usage de ressources ou de pratiques communes dans le domaine de l’économie collaborative, des enjeux écologiques et solidaires, ont été répertoriés et intégrés dans une recherche conduite en 2017 par le chercheur Michel Bauwens et Yurek Onzia. Il ressort entre autres de ce foisonnement, qui a comparé Gand à d’autres municipalités européennes, un ensemble de 23 propositions en vue de mettre en place des « communs publics » que la ville pourra utiliser dans ces processus de co-création avec les citoyens.
Voilà en tout cas l’une des belles sources d’inspiration pour les villes wallonnes au même titre que la dynamique mise en place depuis trois ans par la ville de Grenoble, en France, à travers ses conseils citoyens et un budget participatif soutenant des initiatives d’intérêt général[[http://www.grenoble.fr/552-budget-participatif.htm]]. Des berges de l’Isère aux bords de Meuse, le voyage en Transition promet d’être exaltant, ce 25 février. Ne loupez pas l’embarquement pour réinventer votre commune !