Unie dans la diversité

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Vous trouverez ci-dessous un texte de Doris Quadflieg, échevine de la commune de Pepinster, lu au nom de la Conférence des Bourgmestres de l’arrondissement de Verviers lors de la séance de clôture du congrès Climate Change. Agathe Defourny, experte en eau chez Canopea, l’a trouvé particulièrement remarquable et a souhaité qu’il puisse être publié dans notre newsletter. Il est effectivement de grande qualité et c’est donc un plaisir le proposer à nos lecteur·trices.


Mesdames messieurs,

Cela fait près de 2500 ans que dans notre vieille Europe, des citoyens se rassemblent pour partager des récits, des histoires qui donnent sens à ce qu’ils construisent ensemble. Permettez-moi d’inscrire modestement ces quelques mots dans la poursuite de cet héritage. 

C’est donc l’histoire d’un drame. C’est l’histoire d’un été.

Cet été-là, l’été 1995, Chicago est frappé par des vagues de chaleurs qui seront la cause de 739 décès. Dans la troisième métropole des États-Unis, 739 personnes sont littéralement mortes de chaud, de soif à une époque et dans un pays qui aurait pu leur éviter cette fin tragique.

Cet été-là, à Chicago, des personnes sont décédées du climat, de leur âge et de leur situation de pauvreté. Mais en faisant l’autopsie de ce drame, le sociologue Eric Klinenberg découvre un aspect surprenant : dans les quartiers de North et de South Lawndale, on retrouve le même profil socioéconomique, les mêmes courbes démographiques, le même climat bien sûr et pourtant, on meurt bien plus au Nord qu’au Sud. Alors quelle différence se demande le chercheur ? South Lawndale est comme un petit village : les associations, les églises et les petits commerces font que les gens s’y connaissent. Au Nord, en revanche, les rues désertes, les bâtiments abandonnés, la rotation élevée des habitants fait qu’on s’y côtoie à peine et qu’on y mourra, cet été-là, dans la solitude d’un quartier délaissé.

C’était un autre été. C’était l’été 2021 dans notre vallée de la Vesdre. Cet été-là, dès le lendemain des inondations meurtrières, la solidarité chaude de l’Europe entière s’est exprimée. Passés les tragiques premiers instants de chaos et de peine, on a vu se nouer, se renouer les fils d’un réseau de solidarité. C’est un réseau qui a tissé, en un temps record, des filets de sécurité. Pour dégager les décombres, pour nourrir les estomacs vides, pour panser les blessures et pour reloger les sinistrés, pour rendre à chacun sa dignité, le réseau de fils s’est resserré.

C’était la solidarité chaude et spontanée des premiers instants, c’est devenu, le temps passant, une solidarité structurée, organisée et durable. Aux citoyens, aux entrepreneurs et aux associations, se sont adossées les communes, les provinces, les Régions, l’État belge et une Union Européenne qui ensemble, ont formé un maillage. Ce sont de tels maillages qui font la robustesse, mais aussi le charme d’un territoire.

Pour être authentique, pour tenir dans le temps et rester un gage de solidité, ce maillage que je viens d’évoquer ne pourra jamais se départir d’une connaissance profonde, intime et interpersonnelle du territoire sur lequel il s’accroche. C’est ce que nous apprend l’histoire de Chicago. Sans communautés locales fortes, sans voisins qui se connaissent par leurs prénoms, les mécanismes de redistribution, les moyens coalisés de tout un continent ne peuvent rien.

Faire réseau, faire maillage, c’est dialoguer de manière constante,

entre riverains d’un même fleuve et de ses affluents,

entre bourgmestres et échevins d’un même arrondissement

et des plus hautes instances jusqu’aux plus modestes groupements.

Car si l’Europe est unie, c’est d’abord et avant tout dans la diversité.

C’est à la confiance et à la simplification que nous invitons cette Europe qui pourra nous renforcer.

Aujourd’hui nous voulons dire à l’Europe : si vous souhaitez avoir l’audace et le courage d’une vision à long terme, vous pourrez compter sur nous. Si vous poursuivez l’ambition de prendre soin de la santé de tous, la santé de nos agriculteurs, celle de nos ainés, de nos enfants qui sont parmi les plus fragiles, vous pourrez compter sur nous. Pour prendre soin de nos sols et de nos cours d’eau durement éprouvés, vous pourrez compter sur nous. Nous répondrons présent à chaque rendez-vous ambitieux que nous fixera l’Europe.

Nous serons dignes et debout, pas comme les moutons obéissants d’un riche passé lainier, mais comme les bergers et les tisserands plein de bon sens qui des vallées à la Vecquée et du plateau jusqu’à Verviers, réseautent, résonnent et tissent, de fils de chaines en fils de trames, le visage nouveau de l’arrondissement de Verviers.

Crédit image d’illustration : Adobe Stock

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