Syndicats, associations de consommateurs et organisations environnementales ont ce matin lancé un appel au gouvernement Leterme pour la mise en place d’un mécanisme légal récurrent de récupération des bénéfices illégitimes d’Electrabel et leur affectation à une politique énergétique durable. Ce sont bien plus que les 250 millions d’euros annuels actuellement évoqués qui, jusqu’à présent, échappent à la collectivité faute de transparence et de volonté politique.
L’amortissement accéléré des centrales au charbon et nucléaires, propriétés d’Electrabel-Suez, a été financé par l’ensemble des consommateurs belges, entre 1971 et 2003, via des surcharges tarifaires très significatives. Ce processus est l’un de ceux qui permettent à Electrabel-Suez d’engranger aujourd’hui des bénéfices colossaux sur sa production belge. Une juste rétribution des consommateurs belges pour les efforts fournis assurerait annuellement une rente très largement supérieure aux 250 millions actuellement évoqués, à investir dans une politique énergétique durable. En lieu et place, ces sommes vont garnir le trésor de guerre de Suez. Une situation inacceptable, alors précisément que ménages et entreprises se voient confrontés à des difficultés de plus en plus pesantes pour leur approvisionnement énergétique.
La récupération des bénéfices illégitimes d’Electrabel-Suez doit aider prioritairement au financement d’une politique énergétique axée sur les renouvelables et l’efficacité énergétique. Ceci pour permettre aux ménages – avec une priorité pour les plus démunis – et aux entreprises de consommer moins d’une énergie mieux produite. Sans une telle politique, la Belgique ne pourra assumer ses engagements internationaux en matière environnementale et de lutte contre les changements climatiques. Elle ne pourra pas non plus garantir à long terme à tous les consommateurs qu’ils pourront subvenir à leurs besoins élémentaires en énergie à des coûts acceptables.
En aucun cas la récupération par les consommateurs belges des sommes ne doit faire l’objet d’un quelconque « deal ». En particulier, elle n’est en rien liée à la loi de sortie du nucléaire. Elle est par contre indispensable pour initier une réelle ouverture du marché de l’électricité à de nouveaux acteurs et créer un climat favorable aux investissements dans les capacités de production d’électricité dans notre pays.
Les associations réunies ce matin suivent le dossier belge de l’énergie chacune sous leur angle de travail spécifique : défense de l’environnement, des intérêts des consommateurs, des travailleurs et des démunis. Mais plus largement, elles ont l’ambition de défendre un modèle de société qui respecte au mieux l’intérêt général. Elles en appellent au gouvernement belge pour qu’il prenne enfin les mesures qui s’imposent pour organiser le secteur de l’énergie dans le sens de cet intérêt général.