Le point sur le sort des forêts anciennes en Wallonie.
La question de la préservation des forêts anciennes en Wallonie, forêts qui constituent un patrimoine naturel et archéologique irremplaçable, a été largement débattue cette année. Elle fait notamment partie des 74 résolutions des Assises de la Forêt et devrait donc figurer dans les objectifs de la future Stratégie Forestière régionale. Elle est inscrite également dans la Stratégie Biodiversité 360° qui fixe des objectifs ambitieux pour la décennie 2020-2030 en matière de nature et de biodiversité dans tous les secteurs d’activité.
Le politique leur porte également un certain intérêt. En témoigne la position favorable à leur protection affirmée par les cinq partis politiques représentés (PS, MR, Ecolo, PTB et les Engagés) lors de l’évènement « Bewild », organisé par le WWF dans le cadre du Festival International du Film Nature de Namur.
Par ailleurs, les importantes mobilisations citoyennes pour la sauvegarde des bois d’Imbrechies, d’Ellinchmaps ou de Lessive ont permis de démontrer que l’attention pour la préservation des forêts anciennes s’étendait bien au-delà du cercle restreint des experts et du monde politique.
La volonté de protéger ces forêts est donc réelle et reçoit un large soutien de la société civile. Mais à l’heure où le Gouvernement wallon souhaite concrétiser ses objectifs et assurer la préservation des forêts anciennes subnaturelles, quelques blocages se font sentir au sein des acteurs de la forêt.
Qu’est-ce qu’une forêt ancienne et que veut-on réellement protéger ? Plus de 15 ans après leur définition et leur identification cartographique par le DEMNA, aucune mesure n’a été prise pour les protéger. Or il y a urgence.
Qu’est-ce qu’une forêt ancienne ?
Une forêt ancienne se caractérise essentiellement par le maintien de la couverture boisée depuis une date ou une période de référence. Celle-ci varie d’un pays à l’autre en fonction des sources cartographiques existantes. A titre de comparaison, en Angleterre c’est à partir de 1600, en Ecosse 1750 et en France 1850, sur base des cartes d’état-major dressées entre 1818-1866.
En Belgique, une forêt ancienne subnaturelle est une « forêt feuillue qui a subsisté sans interruption depuis le 18ème siècle ». Depuis cette période au moins, elle n’a pas subi de défrichement pour être convertie en terres agricoles, ni été enrésinée. L’identification des forêts anciennes wallonnes a été réalisée par le DEMNA, essentiellement sur base de la cartographie du Comte de Ferraris dressée entre 1770 et 1774.
Cette qualification de forêt ancienne apparait pour la première fois en 1980 dans un livre de l’écologiste Oliver Rackham, « Ancient Woodland, its History, Vegetation and Uses in England ».
Elle a été plus largement employée dès le début des années 2000 en Europe pour distinguer les forêts anciennes secondaires des vraies forêts primaires (« primary forest »). Ces dernières sont des forêts peu ou pas perturbées par l’activité anthropique. Or ce type de forêts a quasiment disparu d’Europe (moins de 4%), la majorité de nos forêts modernes ayant été à un moment donné défrichées ou exploitées. Il fallait donc définir ce qu’était une forêt qui se rapprochait le plus de la forêt primaire. Le terme de forêt ancienne est opposé à celui de forêt récente, qui désigne les forêts qui se sont reconstituées après la fin du 18ème siècle, au départ de sols sur lesquels prédominait une activité agro-pastorale.
Au sein des forêts anciennes, on peut encore distinguer les « vieilles forêts » (« old-growth forest » ; qui sont celles reconnues dans la Stratégie forestière européenne) qui présentent des caractéristiques écologiques particulières les rapprochant des forêts primaires, correspondant aux 4 critères suivants : l’ancienneté, l’avancement dans la dynamique de l’écosystème, la maturité du peuplement, et l’impact humain peu visible.
Fluctuation de la couverture forestière au cours du temps
La couverture forestière a toujours fluctué naturellement au cours du temps en fonction des différentes évolutions du climat, puis sous l’action de l’humain (défrichements, sélection d’essences, replantations, etc.). Elle était inexistante à la fin de la dernière époque glaciaire (il y a 16500 ans), où le paysage belge avait un aspect de toundra herbacée. Puis le réchauffement naturel du climat post-glaciation a favorisé progressivement la recolonisation forestière de l’Europe à partir des refuges glaciaires du sud de l’Europe.
Ensuite c’est l’impact humain, d’abord léger puis progressivement plus intense, qui a transformé profondément la forêt originelle. Les premiers humains se sont sédentarisés il y a 5200 ans, avec le début de la civilisation Rubanée. Le développement croissant de l’agriculture et l’augmentation progressive de la population qui s’en est suivie ont amené progressivement le déclin de la couverture forestière, pour laisser place aux activités agro-pastorales. Seuls quelques soubresauts sont observés à des périodes de crises (peste noire, etc.) ou de transition (fin de l’époque gallo-romaine).
C’est vers la fin du 18ème siècle que la couverture forestière atteint sa superficie la plus historiquement basse en Europe, autour des 10-15% de la superficie du continent. Une partie des forêts qui subsistaient avaient généralement été surexploitées dès le Moyen-Âge pour fournir du bois d’œuvre et de l’énergie. Avant l’utilisation généralisée des énergies fossiles, le bois était la source d’énergie la plus importante, aussi bien pour les besoins domestiques que pour les activités industrielles. Les taillis et taillis sous futaie ont été favorisés pour l’élaboration du charbon de bois, ainsi que les essences qui rejetaient facilement (chêne, charme, érable et noisetier)1. Quelques massifs ont été préservés, du fait soit qu’ils étaient inaccessibles, soit qu’ils constituaient de grands domaines de chasse.
Le développement des usines et l’exode rural, l’utilisation du charbon « de terre » (combustible fossile) au lieu du charbon de bois, ainsi que la création des codes forestiers (1827 en France, 1854 en Belgique) ont permis de faire diminuer les pressions exercées jusque-là sur la forêt. De grands projets de reboisements se sont alors mis en place, avec la plantation principalement de résineux, aidés financièrement par l’Etat ou imposés via plusieurs dispositions légales (ex : loi du 25 mars 1847 sur la mise en valeur des incultes appartenant aux communes belges)2. C’est donc dès le 19ème et jusqu’au 20ème siècle que la plantation massive de résineux a eu lieu, majoritairement sur les anciens parcours pastoraux et les forêts surexploitées. Ce sont principalement le pin sylvestre (Pinus sylvestris) sur les landes sèches acides, introduit vers le 17ème siècle en Campine3, le pin noir et d’Autriche sur les terrains calcaires, puis l’épicéa introduit vers 1850, plantés dans les milieux plus humides (ou drainés si besoin) et acides. Ce passage du minimum forestier vers une redéploiement de la surface arborée est appelé la « transition forestière », bien que principalement constituée de plantations artificielles. C’est de cette époque que date les vastes paysages de forêts équiennes et monospécifiques constituées d’épicéa en Ardenne.
En 2014, alors que la superficie boisée en Wallonie a augmenté de 20% par rapport à celle du 18ème siècle, il ne reste cependant plus que 43% (soit 164.000 ha) des forêts feuillues qui existaient à cette époque ! Cette perte est due soit au défrichement pour les activités agricoles (31%, principalement au nord du Sillon Sambre-et-Meuse et dans le Condroz), soit à l’enrésinement (26%, principalement en Ardenne). Et cette érosion continue inexorablement, les forêts anciennes n’ayant aucun statut de protection particulier.
Les forêts anciennes, sources de biodiversité
La continuité temporelle de la couverture forestière ne signifie pas l’absence d’autres types de perturbations (coupes et autres travaux forestiers), l’exploitation pouvant être intensive comme le taillis, notamment, à une certaine époque, pour la fabrication du charbon de bois. La forêt peut aussi avoir subi une certaine pression de pâturage en sous-bois ou d’autres pratiques agropastorales comme l’essartage (débrouissailler). Cependant, même si certaines forêts anciennes subnaturelles ont subi une gestion intensive, elles gardent un potentiel bien plus important qu’une zone ayant été cultivée ou enrésinée, pour évoluer rapidement vers une forêt plus naturelle et résiliente. La présence de bois morts, arbres à cavité et autres dendromicrohabitats qui favorisent la biodiversité forestière, sont autant d’indicateurs d’une certaine maturité du peuplement Ces éléments supplémentaires indiqueront surtout une forêt ancienne en évolution naturelle.
Préservation des sols
La continuité temporelle de la couverture forestière implique une caractéristique très importante des forêts anciennes qui est la préservation de la structure et de la qualité de ses sols. Leurs sols n’ont généralement pas ou peu été altérés : ils n’ont pas subi de labour profond, ni été fertilisés ou amendés, ou subis de modifications physico-chimiques à cause de l’accumulation d’aiguilles de résineux.
Un sol défriché pour des activités agricoles aura une structure et une composition chimique différentes. En forêt ancienne, le sol présentera beaucoup de matière organique, alors qu’un sol qui a été cultivé à un moment donné sera plus pauvre en carbone et plus riche en phosphore. Par exemple, même après deux millénaires, les concentrations en phospore restent toujours plus élevées dans les sols de forêts qui ont recolonisé d’anciens champs cultivés à l’époque romaine !
L’enrésinement de nos forêts feuillues effectué en masse dès le 19ème siècle a des conséquences importantes : le manque de lumière au sol, les travaux préparatoires (dont le drainage et depuis plus récemment le gyrobroyage) ainsi que l’accumulation des aiguilles dans la litière affectent profondément la faune et la flore (dont les géophytes).
Les conséquences de l’interruption de la couverture forestière sur la biodiversité et le sol peuvent donc persister très longtemps (durant des centaines voire quelques milliers d’années) après le retour de l’état forestier. Dès lors, le déboisement d’une forêt feuillue ancienne constitue une perte irréversible, et donc non compensable.
Des forêts riches en biodiversité
L’ancienneté d’une forêt est donc un des éléments qui caractérisent sa naturalité. Les forêts anciennes ont la particularité d’abriter une guilde d’espèces qui présentent de faibles capacités de dispersion et sont peu compétitives par rapport aux plantes des milieux ouverts. Ces espèces sont donc très sensibles aux perturbations infligées aux sols forestiers.
On y observe généralement la présence étendue d’une flore caractéristique, avec la présence principalement d’espèces géophytes4 et hémicryptophytes5 typiques : soit des espèces à rhizomes (tige souterraine vivace), comme le blechnum en épi (Blechnum spicans), la parisette à quatre feuilles (Paris quadrifolia) ou le muguet (Convallaria majalis), soit des plantes à bulbes telles que l’ail des ours (Allium ursinum), la jacinthe des bois (Hyacinthoides non-scripta), la gagée ou la jonquille. Dans les forêts récentes, on pourra trouver des arbustes héliophiles, reliques des stades secondaires de la recolonisation forestière, comme le sureau noir (Sambucus nigra) ou le prunellier (Prunus spinosa), ou des espèces rudérales telles que l’ortie dioïque (Urtica dioica), qui profitent de l’eutrophisation des sols.
La sensibilité de la flore typique qu’on retrouve au sein des forêts anciennes s’explique par certaines particularités de leur écologie, qui impliquent une capacité de (re)colonisation très lente. C’est par exemple le fait de ne pas produire de banque de graines6 persistante, ou lié à des stratégies de dispersion des graines sur très courtes distance, comme la barochorie (lié à la gravité, les graines tombent simplement sur le sol à proximité de la plante-mère), la myrmécochorie (déplacement des graines par les fourmis), ou la reproduction clonale à partir de rhizomes et qui s’étendent de proche en proche (comme le muguet).
D’autres groupes d’espèces sont aussi sensibles à l’interruption de la continuité temporelle de la couverture forestière : des lichens, champignons, charançons, coléoptères, syrphes, etc.
Cependant, ces espèces ne sont pas forcément absentes des forêts récentes, en fonction de la proximité (ou non) de populations sources qui peuvent petit à petit recoloniser ces nouvelles forêts, si les conditions physico-chimiques le permettent également. Cependant, une relation peut être établie entre l’ancienneté des forêts avec la richesse et l’abondance plus élevées de ces espèces, ainsi qu’une composition spécifique différente, par rapport aux forêts récentes. Leur présence et leur abondance, de par leur sensibilité à l’interruption de la continuité de la couverture boisée, peuvent servir d’indicateur de forêts anciennes.
Une résilience accrue aux changements climatiques
L’ancienneté d’une forêt lui procure une résilience accrue face aux changements climatiques.
Cette particularité résulte notamment des quatre caractéristiques suivantes :
- Les forêts anciennes comportent en moyenne un nombre significativement accru d’essences7 forestières par unité de surface, comparativement aux boisements récents. Dès lors, si une des essences forestières y dépérit temporairement, les autres sont là pour maintenir l’ambiance forestière (ombrage, humidité du sol et de l’air) jusqu’au rétablissement d’une canopée continue.
- L’enracinement des arbres en forêt ancienne résulte d’explorations racinaires du sous-sol durant plusieurs siècles, même dans d’anciens taillis. Beaucoup plus profond8 qu’en boisement récent, il permet aux arbres d’accéder à davantage de ressources phréatiques et expose moins les radicelles aux épisodes de sécheresse.
- Le sous-sol des forêts anciennes présente une macroporosité9 accrue, en raison de cette activité racinaire profonde pluriséculaire. Il en découle une meilleure capacité de stockage de l’eau dans le sous-sol.
- Le sol des forêts anciennes présente une abondance plus élevée de champignons mycorhiziens10. Ces liens symbiotiques renforcés améliorent l’approvisionnement des plantes en nutriments tels que l’eau, le phosphore, le soufre, l’azote et les micronutriments du sol. Il en résulte une plus grande résilience face aux changements environnementaux.
Des forêts à protéger d’urgence
En Wallonie, bien que ce ne soit pas explicitement mentionné tel quel par le Code Forestier (2008)11, les Plans d’Aménagements Forestiers (PAF) des forêts publiques identifient systématiquement les forêts anciennes présentes sur la zone concernée. La création de réserves forestières intégrales ciblent notamment les forêts anciennes feuillues, même si de nouveau il n’y a aucune obligation explicite dans le Code Forestier. A noter que d’autres forêts plus jeunes présentent également un intérêt biologique remarquable, telles que les forêts alluviales (dont il n’existe plus d’exemplaire ancien, remplacé par des peupleraies ou des epiceas) ou les boulaies tourbeuses.
De même, les certifications PEFC et FSC demandent que les forêts anciennes soient identifiées dans le plan de gestion.
Cette cartographie a bénéficié en 2016 d’une phase de validation par tous les agents forestiers du DNF, dans tous les cantonnements de Wallonie. Sa validité n’est donc pas remise en cause, même si des inexactitudes minimes subsistent, ce qui est inhérent à toute production de données cartographiques de cette ampleur. Elle constitue donc une référence incontournable en Wallonie pour identifier ces forêts. L’exactitude de cette référence pourrait aussi être renforcée en y intégrant d’autres cartographies anciennes. Enfin, soumettre la délimitation des forêts anciennes subnaturelles à enquête publique permettrait aux citoyen(enne)s de s’emparer de la thématique et – le cas échéant – de faire valoir ses propositions d’amélioration.
Outre l’identification de ces forêts anciennes, il est nécessaire et urgent de leur octroyer un statut de protection qui favoriserait une gestion sylvicole qui ne les dénature pas car elles font partie de notre patrimoine commun. Parmi les mesures à mettre en place, on protégera autant que possible l’intégrité des sols et de la flore forestière lors des travaux forestiers, en mettant en place un réseau de cloisonnements, en interdisant le gyrobroyage et le dessouchage, et en favorisant la régénération naturelle. Il est également important de privilégier les essences indigènes et de ne pas introduire d’essences exotiques (qui n’appartiennent pas naturellement à la flore de Wallonie).
La volonté de protéger nos forêts anciennes subnaturelles est quasi unanime. Il est donc urgent de formaliser ce souhait dans les textes.
Remerciements : je remercie vivement Thierry Kervyn (DEMNA) pour ses commentaires qui ont permis d’améliorer significativement cet article.
Références :
- http://sylvaingaudin.fr/PDF/Sesnr27-28-Forets_anciennes.pdf
- https://www.forets-parcnational.fr/sites/forets-parcnational.fr/files/available_docs/foret_ancienne_generale.pdf
Crédit image d’illustration : Adobe Stock
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- Faune – Flore – Habitats № 11. Les habitats d’Intérêt Communautaire de Wallonie. Tome 2. Les habitats forestiers [2023]
- source : Faune – Flore – Habitats № 11. Les habitats d’Intérêt Communautaire de Wallonie. Tome 4. Les habitats pastoraux
- Déjà présente au Quaternaire, l’espèce s’est rapidement fait concurrencer par les feuillus, plus adaptés à l’évolution du climat post-glaciation, mais a persisté naturellement chez nous jusqu’à l’époque romaine.
- Une espèce de plante vivace dont les organes vitaux qui persistent toute l’année sont enfouis dans le sol : rhizome ou bulbe par exemple) et hémicryptophytes (plante dont la partie aérienne disparait à la mauvaise saison et seuls persistent le système racinaire et des bourgeons à ras du sol
- Plante dont la partie aérienne disparait à la mauvaise saison et seuls persistent le système racinaire et des bourgeons à ras du sol.
- La faculté de certaines espèces de plantes à produire des graines qui vont pouvoir garder leur capacité de germination pendant une très longue période, qui pourront germer et se redéployer quand les conditions écologiques redeviennent optimales. Par ex., la callune peut faire des banques de graines qui ont une longévité d’une centaine d’années et peuvent encore germer quand les conditions redeviennent optimales.
- Source : Inventaire permanent des ressources forestières de Wallonie, http://iprfw.spw.wallonie.be
- source : Mausolf, K., Härdtle, W., Hertel, D., Leuschner, C., & Fichtner, A. (2020). Impacts of multiple environmental change drivers on growth of European beech (Fagus sylvatica): Forest history matters. Ecosystems, 23(3), 529-540
- Source : Archer, N. A., Otten, W., Schmidt, S., Bengough, A. G., Shah, N., & Bonell, M. (2016). Rainfall infiltration and soil hydrological characteristics below ancient forest, planted forest and grassland in a temperate northern climate. Ecohydrology, 9(4), 585-600
- Source : Yang, J., Blondeel, H., Boeckx, P., Verheyen, K., & De Frenne, P. (2023). Responses of the soil microbial community structure to multiple interacting global change drivers in temperate forests. Plant and Soil, 1-16.
- qui mentionne plutôt de forêts historiques, sous -entendu de da faciès patrimoniaux tels que les taillis ou les hêtraies cathédrale