Wallons et Bruxellois face à l’environnement (4): acceptabilité – ou non…. – des mesures proposées

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Du lundi 23 au vendredi 27 septembre, nous analysons pour vous un sondage commandé par IEW (avec le soutien de la Wallonie) sur la perception des enjeux environnementaux par les habitants de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Après avoir sondé le niveau de priorité donné par le public à des mesures potentielles en matière de mobilité et d’aménagement du territoire, encore faut-il savoir si ce même public accepterait de se soumettre aux dites mesures. Quel est donc le niveau d’acceptabilité sociale des mesures en matières de mobilité et d’aménagement du territoire : c’est l’objet de l’analyse du jour.

Quatre grandes catégories de mesures ont été soumises à l’avis des personnes sondées : fiscalité, normes environnementales, transports publics, aménagement du territoire et urbanisme.

Fiscalité

Sans grande surprise, les mesures de soutien fiscal sont jugées plus acceptables que les mesures coercitives. Ainsi, les citoyens sont largement favorables à la mise en place d’incitants fiscaux permettant le travail à domicile (ainsi qu’une intervention directe de l’employeur dans les frais de travail à domicile : respectivement 74% et 69% des sondés jugent ces deux mesures tout à fait ou assez acceptables) ou au développement de centres de télétravail disséminés sur le territoire et bien desservis en transports en commun (67%). Ces mesures sont particulièrement soutenues par les Wallons, a fortiori lorsqu’ils habitent en zone peu dense (jusqu’à 88% d’opinions favorables pour l’item « stimuler par des incitants fiscaux le travail à domicile »).

Une autre mesure incitative, « rendre obligatoire le soutien financier de l’employeur dans les déplacements domicile-travail à vélo (prime au kilomètre parcouru, primes à l’achat d’un vélo,…) comme c’est déjà le cas pour les déplacements en transports en commun », accède à la deuxième place des mesures fiscales souhaitées, avec 73% d’opinions favorables. Il est vrai que cette distorsion de concurrence entre modes de transport continue d’étonner…

Une majorité confortable de citoyens soutient la mise en place d’une fiscalité plus juste et plus écologique, avec 63% d’opinions soutenant la réduction des avantages fiscaux favorables aux voitures de société utilisées comme avantage salarial (et seulement 30% d’opinions défavorables) et l’adaptation des taxes de mise en circulation (TMC) et taxe de circulation annuelle (TC) selon les performances environnementales du véhicule (65% pour les deux mesures). Ce taux est identique pour l’adaptation de la TC en fonction de l’usage du véhicule (nombre de kilomètres parcourus, etc.). De quoi orienter la révision de la taxe de mise en circulation promise dans la Déclaration de politique régionale (DPR) du Gouvernement wallon et déjà pratiquée par de nombreux Etats européens, avec efficacité pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre…

Plus d’un sondé sur deux (53%) soutient l’imposition d’une taxe supplémentaire pour les produits alimentaires importés par avion (produits exotiques, hors saison, etc.) avec jusqu’à 75% d’opinions favorables pour les personnes habitant en zone peu dense, sans doute plus en lien avec l’agriculture et ses rythmes propres. Près de la moitié des sondés (49%) trouverait également acceptable d’instaurer une TVA sur les billets d’avion identique à celle qui existe déjà sur les billets de train et de bus pour les voyages internationaux. La concurrence déloyale subie par les modes alternatifs doit donc cesser pour la moitié des citoyens sondés.

Mesure assez inédite : l’intervention de l’employeur dans les frais de logement des employés qui résident à proximité de leur lieu de travail est jugée acceptable par la moitié des sondés (49%). A l’heure où il est urgent de réduire les besoins de déplacement de la population en travaillant davantage sur l’accessibilité des lieux d’emploi, services et commerces, cette mesure mériterait d’être étudiée en profondeur.

Les mesures relatives à l’instauration d’un péage urbain à Bruxelles (43%) ou l’alignement des accises du diesel, actuellement plus faibles, sur celles de l’essence (40%) recueillent davantage de réticences de la part du public.
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Normes

En matière de normes environnementales, le soutien populaire reste plus faible. Exception notable : « Obliger de faire apparaître les impacts environnementaux du transport aérien dans les publicités du secteur » est une mesure soutenue par 61% des sondés.

L’instauration de limitations de vitesse ou d’une circulation alternée en cas de pic de pollution recueille des avis plus mitigés.
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Transports publics

Si le patrimoine ferroviaire est particulièrement riche en Belgique, il faut en profiter ! C’est en substance le message-clé des résultats du sondage sur les mesures à prendre en matière d’infrastructures de transport. Privilégier une desserte au plus près du domicile plutôt que concentrée sur quelques lignes rapides est un souhait d’une majorité des sondés (58% d’opinions favorables). L’accès direct au réseau de transports en commun reste donc fondamental pour les citoyens interrogés, ce qui semble aller à l’encontre des options prévues par le groupe SNCB dans son futur Plan Transport, concentré sur quelques lignes majeures. Le maillage territorial reste important pour les Belges francophones.

L’augmentation tarifaire des services de transports publics en vue d’un meilleur service reste difficile à accepter pour une majorité de sondés. 71% s’y opposent.
Le message global semble donc : nous voulons une desserte fine et efficace du territoire en transports publics, mais sans augmentation tarifaire.

Où trouver l’argent, alors ? Pas tellement en taxant davantage l’usage de l’automobile, puisque 57% des sondés s’y opposent (notons que 56% des personnes habitant en centre-ville y sont pourtant favorables). C’est donc plutôt par une modification globale de la fiscalité automobile (soutien à une révision de la TMC et de la TC selon les performances environnementales), une révision du régime fiscal des voitures de société et une meilleure allocation des ressources des transports publics (pas de dépenses de prestige dans des rénovations pharaoniques de gare) qu’il faudrait, selon les citoyens interrogés, financer l’amélioration du service.

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Aménagement du territoire et urbanisme

Les mesures visant à soutenir l’installation des habitants en agglomération plutôt qu’en zone peu dense recueillent des avis partagés. Les personnes résidant en centre-ville y sont clairement favorables (56% de sondés soutenant l’augmentation de contrainte légale à la construction hors agglomération et 60% favorables à un soutien fiscal à l’installation en agglomération). Ce même public soutient d’ailleurs plus que les autres les mesures réduisant la marque de l’automobile sur l’urbanisme. Pourtant, ces mesures continuent de recueillir un enthousiasme limité bien que positif (limitation du nombre de cartes riverains à une seule carte par ménage – 42% pour, 50% contre ; réduction de l’espace de circulation alloué à la voiture sur les routes – 42% pour, 41% contre).

Les mesures touchant le stationnement restent un point d’opposition majeur : 65% des sondés refusent toute augmentation du prix du stationnement dans les villes ou la limitation du nombre de places de parking attachés à un immeuble (64%). La réaffectation de certains emplacements de parking en voirie à d’autres usages publics (parcs, piétonniers, pistes cyclables, etc.) recueille davantage de nuances, avec autant de personnes qui y sont favorables que défavorables (47%).

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Fiche technique
Ce sondage commandé par Inter-Environnement Wallonie (avec le soutien de la Wallonie) a été réalisé par Dedicated entre le 28 août et le 5 septembre 2013 auprès d’un échantillon de 1.203 personnes représentatif des Wallons et Bruxellois âgés de 18 et plus.

La marge d’erreur maximale est de 2,8%.

Retrouvez tous les articles relatifs à ce sondage :
1. « Plus concernés qu’ils ne le disent »
2. « Plus sensibles à la mobilité qu’au territoire »
3. « Voiture sacrée et transports publics à améliorer »
4. « Acceptabilité – … ou non – des mesures proposés »
5. « Prêts pour des « villes et villages 30 »