Le lobby nucléaire aime les effets d’annonce. Chaque nouveau projet fait l’objet d’une campagne de publicité. Mais entre annonce et concrétisation, de nombreux atomes se désagrègent. Comment le nucléaire compte-t-il se développer ?
Les annonces de projets de nouveaux réacteurs nucléaires sont comme les cours du pétrole : imprévisibles. Mais la comparaison ne s’arrête pas là : quand le pétrole diminue, les annonces se font plus rares et pour cause : on abandonne les projets. Alors, comment savoir combien de nouveaux réacteurs vont réellement être construits dans le monde ?
Un article récent du Financial Times rappelle combien l’industrie nucléaire ne peut se développer sans la soutien des pouvoirs publics. Si les prix du pétrole sont élevés et la consommation d’électricité en hausse, le nucléaire se trouve de nombreux soutiens. Mais en période de crise ? Silence radio(actif).
En Belgique, le nucléaire s’est développé avec un soutien sans faille des autorités publiques[Entre autres : monopolisation des budgets de la recherche (en 1999, le nucléaire bénéficie de 81% des crédits contre 2% pour les renouvelables; limitation de l’intervention en cas d’accident plafonnée à 300 millions d’euros par site, le solde étant à charge de l’Etat; alors que le seul coût de l’explosion de l’usine chimique AZF en septembre 2001 à Toulouse est estimé entre 1,5 et 1,7 milliards d’euros. Plus de détails dans le dossier [« Sortir du nucléaire, une chance à saisir ».]]. Tant de soutien qu’on estime maintenant les bénéfices nucléaires d’Electrabel à environs 1 milliards d’euros annuellement, bénéfices que le contribuable belge devrait légitimement récupérer[Lire [« Electricité chère ? La faute au nucléaire ! ».]]. Mais quand ?
En France aussi, le nucléaire ne peut se développer sans l’Etat, principal actionnaire d’EDF. En Grande-Bretagne, EDF, qui vient de racheter British Energy, annonce maintenant que sans soutien des pouvoirs publics, il n’y aura pas de nouveaux réacteurs.
Le ministre britannique de l’énergie a récemment rappelé que le Royaume-Uni devait tendre vers une économie faible en carbone et ce, au moindre prix pour les contribuables. Il n’envisage dès lors pas de subsidier (sic.) le nucléaire.
Le nucléaire est une non-solution très chère
Par euro dépensé, les nouvelles centrales nucléaires éviteront des émissions de CO2. Pour ce même euro dépensé, l’efficacité énergétique, couplée à des énergies renouvelables, évite 2 à 20 fois plus d’émissions, 20 à 40 fois plus vite. Le temps que les nouvelles centrales nucléaires entrent en fonctionnement[Par ailleurs, si tous les projets de centrales nucléaires voyaient le jour, il n’y aurait plus assez d’uranium pour les alimenter sur la durée de leur amortissement.]], il y aura eu un tel saut technologique dans les renouvelables, qu’il vaut mieux commencer à économiser l’énergie et décentraliser les réseaux électriques. La « renaissance » du nucléaire n’est donc pas pour demain[[Lire [« Will Nuclear Power Reach Critical Mass? ».]]. C’est la conclusion à laquelle aboutie l’Institut Rocky Montain.
Le nucléaire est donc condamné mais le lobby du secteur se bat pour nous faire croire le contraire. La Belgique a décidé de sortir du nucléaire graduellement de 2015 à 2025. La sortie peut commencer, les capacités de production de remplacement sont construites ou programmées[Lire [« Sortir du nucléaire est un choix responsable ».]]. Cette sortie programmée est une opportunité pour la Belgique d’opérer sa transition énergétique par le développement des énergies renouvelables mais surtout par le développement de l’efficacité énergétique et de l’utilisation rationnelle de l’énergie. La réussite de la Belgique dans cette voie peut servir d’exemple aux pays qui désirent maîtriser leurs consommation énergétique. Les gouvernements qui ont succédé à l’arc-en-ciel ne s’y sont pas suffisamment attelés. Il n’est pas trop tard mais il es temps de s’y mettre !