100% de l’énergie produite en Wallonie doit être renouvelable en 2050. Voilà l’objectif à atteindre pour être en phase avec les promesses faites en signant l’Accord de Paris. Pour y arriver, nous devons d’abord et en priorité baisser notre consommation d’énergie. Mais aussi loin que nous améliorerons l’efficacité de nos maisons ou de nos Iphones (en les utilisant moins !), nous aurons toujours besoin d’énergie. La seule option pour ce faire, ce sont les énergies renouvelables. La question qui se pose est donc : comment les financer ?
Longtemps, les renouvelables ont été systématiquement plus chères que les autres sources de production d’électricité. La nécéssité de leur dévelopement a donc justifié des subventionnement parfois massifs. C’est de moins en moins le cas aujourd’hui. Après de longues années d’enfance au cours desquelles il a fallu les soutenir, certaines techologies ont maintenant acquis la maturité de l’âge adulte. Dans le tableau ci-après, on peut ainsi voir que au niveau mondial, (la comparaison ne vaut pas partout) les prix du photovoltaique industriel (PV tracked) et de l’éolien onshore (Onshore wind) sont compétitifs avec les centrales gaz (NatGaz) ou au charbon (coal).
L’âge adulte des renouvelables est une excellente nouvelle évidemment ! Mais il recelle aussi un risque pour les autorités publiques. Si l’on retire le soutien trop tôt ou trop vite, notre adolescent risque bien de s’effondrer avant d’être l’adulte prometteur dans lequel nous avons investi depuis tant d’années…
Le débat est au cœur de l’agenda politique. Au niveau belge, le pacte énergétique qui doit nous permettre de quitter le nucléaire serait sur les rails et implique une accélération des installations renouvelables dans les prochaines années. Mais vu le mic mac institutionnel belge, c’est surtout au niveau wallon que le travail doit être fait (sauf pour l’éolien en mer).
Les autorités wallones se touvent aujourd’hui devant un nouveau dilemne et une nouvelle responsabilité : Trouver le « juste soutien », celui qui ne grève pas les finances publiques et la facture des citoyens et des entreprises, mais qui pousse les opérateurs renouvelables et les citoyens à investir massivement. Car l’horloge climatique tourne, et nous DEVONS accélérer l’installation des énergies renouvelables dans les prochaines années.
Tour d’horizon des renouvelables
Prenons le photovoltaique résidentiel par exemple. Il est pratiquement devenu rentable sans prime au niveau wallon. Du coup, le gouvernement vient de décider de supprimer la prime qualiwatt qui était octroyée depuis 2013… Cette décision n’est-elle pas prématurée ? Les wallons seront-ils enclin à investir au rythme que réquerrait un vrai scénario de transition énergétique sans soutien public ? Il est trop tôt pour le dire… IEW aurait en tout cas préféré un baisse du soutien moins abrupte…
La même réflexion vaut pour l’éolien ? La révision du soutien est à l’ordre du jour et le Gouvernement devra faire un arbitrage subtil entre ceux qui prétendent qu’il est honteusement subventionné et les installateurs qui, à l’inverse, prétendent atteindre difficilement un seuil de rentabilité convenable, notamment à cause de la difficulté qu’ont les projets à aboutir dans notre Région… IEW ne dispose pas des chiffres pour trancher ce débat… Mais ce qui pour nous est une évidence, c’est que les éoliennes citoyennes, moins rentables mais éminement nécessaires à la transition, doivent bénéficier d’un soutien plus important que les grands projets industriels.
Quel type de soutien ?
Aujourd’hui en Wallonie, le système de soutien principal à la production d’électricité renouvelable demeure le marché des certificats verts (CV). Ce système est critiqué par de nombreux acteurs. Sa principale faiblesse est sans doute sa complexité inutile ! Tout le système repose sur un marché de certificats censé faire jouer la concurrence entre acheteurs (fournisseurs d’électricité obligé de racheter un certain nombre de CV …) et vendeurs (les producteurs d’électricité renouvelable) et in fine, atteindre un « optimum économique ». En un mot, ce système est censé financer le renouvelable au meilleur prix ! Mais à force de modification législative, de formules en tous genres et surtout par manque d’ambition (on a distribué bien trop de CV par rapport aux objectifs renouvelables trop faibles !), ce système, n’a jamais fonctionné…
Autre critique adressée au mécanisme des certificats verts : il finance les projets quand ceux-ci n’en ont pas besoin ! La plupart des renouvelables flexibles ont des coûts de production de l’électricité très faibles (le soleil ou le vent sont des « combustibles » gratuits !) alors que c’est plutôt au moment de leur construction qu’on doit investir. Le système des CV donnant de l’argent en fonction de la production, il arrive bien après que l’investissement ait été consenti ce qui favorise les grosses structures disposant de réserves financières suffisantes.
Conclusion : Ne pas se désengager trop tôt
Certains renouvelables comme le photovoltaïque et l’éolien sont sur le point de ne plus nécessiter de soutien public. C’est une excellente nouvelle. Mais il est crucial que les autorités publiques ne cherchent pas à se désengager trop tôt. Dans le cadre du pacte énergétique et plus largement, pour répondre aux défis climatiques, les taux d’installation de ces énergies doivent absolument croître dans les prochaines années. Une baisse trop rapide des soutiens risquerait d’étouffer cette croissance nécessaire.
Pour en savoir plus
Quel soutien aux énergies renouvelables en 2018 ?
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